Le poirier « Beurré Lebrun » est une variété rare et ancienne, issue d’un croisement entre « Beurré d’Arenberg » et « Doyenné d’Hiver », obtenue par M.Gueniot, horticulteur à Troyes en 1856. La variété « Beurré Lebrun » est extrêmement rustique et résistante aux maladies. Elle supporte des températures avoisinant les -25 °C, elle est adaptée à la culture dans toutes les régions de France, y compris en altitude.
Le poirier « Beurré Lebrun » est de vigueur moyenne à grande, avec une mise à fruit assez lente mais une fertilité importante et régulière par la suite. La poire « Beurré Lebrun » est assez grosse, de forme conique très allongée. Épiderme fin, de couleur jaune verdâtre, brillant, maculé de fauve. La chair des « Beurré Lebrun » est très fine, très sucrée et subtilement acidulée, juteuse et fondante, relevée d’un parfum un peu musqué, sans grain et presque sans pépin.
Floraison / Pollinisation :
Floraison du poirier « Beurré Lebrun » en avril. Les variétés « Beurré Hardy », « Doyenné du Comice », « William’s » sont adaptées pour croiser la pollinisation avec la variété « Beurré Lebrun », et ainsi augmenter le nombre de fruits. Le poirier « Beurré Lebrun » est lui-même un bon pollinisateur pour les autres variétés.
Récolte / Conservation :
La récolte des poires « Beurré Lebrun » s’échelonne de mi-septembre à mi-octobre. La maturation s’observe au changement de couleur du fruit pour cette variété, il passe du vert au jaune. Bonne variété d’automne, à entre-cueillir et à surveiller de près car dès qu’elles virent au jaune, les poires « Beurré Lebrun » blettissent très facilement à partir du cœur. Pour les conserver, il est préférable de récolter les fruits quelques jours avant leur pleine maturité, ils pourront être conservés quelques semaines si les conditions de stockage sont optimales.
Sensibilité / Résistance aux maladies :
La variété « Beurré Lebrun » présente une bonne résistance générale aux maladies, parasites et ravageurs. Très peu sensible à la tavelure.
Le poirier en général :
Le poirier (Pyrus communis), arbre fruitier emblématique de la famille des Rosacées, est cultivé depuis des millénaires pour ses fruits savoureux, les poires. Son histoire est étroitement liée à celle de nombreuses civilisations, et il occupe aujourd’hui une place importante dans le patrimoine agricole et gastronomique, en particulier en France.
Origine du poirier :
Le poirier trouve ses racines dans les régions montagneuses de l’Asie occidentale, du Caucase et de l’Iran. Les espèces sauvages du poirier ont évolué dans ces zones, où elles poussaient naturellement avant d’être domestiquées par les premières civilisations agricoles. Parmi ces espèces sauvages, Pyrus pyraster en Europe et Pyrus elaeagnifolia en Asie mineure sont les ancêtres du poirier cultivé aujourd’hui.
Les premières traces de poires domestiquées remontent à plus de 4 000 ans, dans des sites archéologiques en Asie occidentale.
Les Grecs et les Romains ont joué un rôle essentiel dans la diffusion du poirier en Europe, notamment en sélectionnant des variétés pour leur saveur et leur texture.
Introduction en France :
Le poirier est introduit en Gaule par les Romains lors de leurs conquêtes. Les Romains, grands amateurs de fruits, apportaient avec eux des plants de poiriers qu’ils cultivaient dans leurs villas et vergers. Ces premiers poiriers étaient surtout utilisés pour la production de poires à cuire, les poires fraîches étant souvent moins sucrées et plus dures qu’aujourd’hui.
Au Moyen Âge, le poirier connaît un véritable essor en France, particulièrement dans les monastères et les jardins royaux, où il est soigneusement cultivé et greffé pour produire des variétés plus délicates et savoureuses. C’est sous le règne de Louis XIV que la culture du poirier prend une ampleur considérable. La Quintinie, jardinier en chef des potagers du roi à Versailles, développe de nombreuses techniques de culture et de taille pour produire des poires de qualité supérieure. Ces poiriers formés en espalier étaient particulièrement prisés pour leur esthétisme et leur productivité. À cette époque, les poires deviennent un fruit de luxe, réservé aux tables royales et aux élites.
Histoire et valeur patrimoniale :
La poire est, au fil des siècles, devenue un symbole de raffinement et de douceur. Dès la Renaissance, elle est présente dans les traités de botanique et d’agriculture, qui détaillent les différentes variétés cultivées en France. La France devient rapidement un centre majeur de la culture du poirier, et de nombreuses variétés anciennes apparaissent, certaines d’entre elles étant encore cultivées aujourd’hui, comme la Doyenné du Comice ou la Williams.
La poire, en France, fait partie intégrante du patrimoine fruitier national. Les régions comme le Val de Loire, la Savoie et la Bretagne sont réputées pour leurs vergers de poiriers. Provence-Alpes Côte-d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes et Centre-Val-de-Loire : ces trois régions sont les trois principales régions productrices de la poire. Le poirier est également un arbre prisé pour ses bois solides et denses, utilisés en menuiserie et pour la fabrication d’instruments de musique.
Importance actuelle :
La France continue de jouer un rôle de premier plan dans la production de poires. Bien que les variétés modernes, comme la Conférence, soient largement cultivées pour leur résistance et leur facilité de conservation, les variétés anciennes, souvent plus délicates et parfumées, sont préservées dans des vergers conservatoires. Ces variétés anciennes constituent un patrimoine génétique précieux, contribuant à la biodiversité et à la richesse du paysage agricole.
Les poiriers sont également célébrés dans les traditions locales. Des événements comme la Fête de la poire mettent en avant la richesse de ce fruit dans certaines régions françaises. La poire est utilisée dans de nombreuses recettes traditionnelles, mais aussi dans des produits dérivés tels que les poires au sirop, les poirés (boisson fermentée similaire au cidre), ou encore les eaux-de-vie de poire.
En somme, le poirier, arbre millénaire, est bien plus qu’un simple producteur de fruits. Il symbolise un riche patrimoine historique, culturel et gastronomique. Depuis ses origines en Asie jusqu’à son acclimatation en France, il a su évoluer et s’adapter aux pratiques agricoles locales, tout en conservant une place de choix dans les vergers et sur les tables françaises. La préservation de ses variétés anciennes et l’attention portée à sa culture témoignent de l’importance de cet arbre dans l’histoire et le patrimoine français.